Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Marthe Richard, une femme détestée...

Ce mois-ci, l’Indicateur vous présente l’une des femmes les plus détestées de France…

Marthe Richard née Betenfeld le 15 avril 1889 à Blâmont, près de Nancy, et morte le 9 février 1982 à Paris, fut prostituée, pilote, espionne, et femme politique française.

C’est pour son rôle en politique que bien des concitoyens ne l’apprécient guère…

Mais il est vrai que la France, ce grand pays démocratique, aime innover dans tous les domaines, et faire entrer au conseil municipal de la ville de Paris une ancienne prostituée était un défi à relever. (Peut-être, ces mêmes conseillers espéraient-ils profiter des bonnes dispositions de la dame en question ?)

Tachons d’oublier que Marthe fit fermer des établissements d’utilité publique – fermeture sans laquelle certains expatriés n’auraient jamais quitté leur sol natal...

Elle est issue d’une famille plus que modeste : sa mère est domestique, son père est alcoolique car il est ouvrier brasseur. Elle est envoyée quelques années dans une institution catholique et son destin semble tout tracé : couturière, comme sa sœur aînée Jeanne. À quatorze ans, elle devient apprentie culottière à Nancy. Mais ce métier ne l’enchante pas. Quelle fille plutôt jolie souhaite être apprentie culottière ? Elle est interpellée pour racolage en mai 1905 par la police des mœurs et ramenée chez ses parents. Elle a seize ans.

Elle fugue à nouveau et se retrouve à Nancy, où elle tombe amoureuse d'un Italien qui se révèle être un proxénète. Il l'envoie sur le trottoir, puis elle devient prostituée dans un « bordel à soldats » de Nancy . Devant effectuer plus de 50 passes par jour, elle tombe rapidement malade et contracte la syphilis.

Renvoyée du bordel, elle est fichée par la police et inscrite comme prostituée mineure le 21 août 1905. Elle s'enfuit à Paris où elle rentre dans un « établissement de bains », maison close d'un standing supérieur à son ancienne maison d'abattage . Elle y rencontre, un soir de septembre 1907, Henri Richer, mandataire aux Halles, qui l'épouse le 13 avril 1915.

Elle fait alors table rase de son passé et devient une respectable bourgeoise dans son hôtel particulier de l'Odéon. Elle demande à être rayée du fichier national de la prostitution, ce qui lui est refusé.

Marthe aviatrice

Nous avons vu que Marthe était ‘’plutôt jolie’’. Un vieux mari ne refuse rien à sa jolie compagne : il lui achète un avion et l’aviation devient alors sa passion. Marthe, devenue Richer, obtient son brevet de pilote le 23 juin 1913 : elle est la sixième Française à obtenir ce diplôme. La presse, qui la trouve frêle et volontaire, la surnomme« l'Alouette ».

Marthe espionne

Le 25 mai 1916, Henri Richer est fauché par une salve d'artillerie à Verdun, et elle se retrouve veuve de guerre. La chair étant faible, comme chacun sait, Marthe prend un amant, Jean Violan, qui est en fait un jeune anarchiste russe appartenant au Deuxième Bureau. Il lui présente le capitaine Ladoux, chef du service de contre-espionnage, qui lui demande d’approcher l'attaché naval de l'ambassade allemande à Madrid, Hans Von Krohn. Elle devient sa maîtresse (approche très réussie !) et, par-là même, agent double. Mais une indiscrétion l’oblige à rentrer en France. Elle abandonne son activité d’espionne. A la même époque, sa copine Mata Hari est fusillée dans un fossé de Vincennes.

En avril 1926, elle épouse le Britannique Thomas Crompton, directeur financier de la fondation Rockefeller, et mécène de la restauration du Petit Trianon.

Thomas meurt subitement en 1928. Mais il a pris des dispositions testamentaires pour qu'elle reçoive, de la part de sa fondation, une rente mensuelle de 2 000 francs. Elle passe alors ses soirées dans les boîtes à la mode, ce qui lui vaut le surnom de « veuve joyeuse ».

En 1930, elle publie ses mémoires sous le pseudonyme Marthe Richard : « Ma vie d'espionne au service de la France ».

Elle commence dès lors à affabuler, donne dans toute la France des conférences rémunérées et fait des vols de démonstration à bord du Potez 43 prêté par le ministère de l'Air. Après cinq années à courir les cabinets ministériels, son nouvel amant Edouard Herriot, chef du gouvernement de l'époque, obtient le 17 janvier 1933 la Légion d'honneur pour Mme veuve Crompton, avec la mention « Services signalés rendus aux intérêts français »…

Marthe et la Seconde Guerre mondiale

En 1944, la guerre est presque finie, elle se fait intégrer dans les Forces Francaises de l'Interieur. Elle se forge ainsi un destin de résistante qu'elle racontera dans plusieurs de ses mémoires. En 1945, elle est élue conseillère dans le 4e arrondissement de Paris sur la liste de la Résistance Unifiée, bien qu’elle n’ait jamais vraiment résisté...

Marthe et les maisons closes

Elle dépose le 13 décembre 1945 devant le Conseil Municipal de Paris un projet pour la fermeture des maisons closes. Sa proposition est votée et le 20 décembre 1945, le préfet de police Charles Luizet décide de fermer sans préavis les maisons du département de la Seine dans les 3 mois. Marthe mène ensuite campagne en vue de faire voter une loi généralisant cette mesure. La loi est votée le 13 avril 1946 à la chambre des députés. Environ 1 400 établissements sont fermés, dont 195 à Paris. La prostitution reste cependant une activité libre ; seules sont interdites son organisation, son exploitation – le proxénétisme – et ses manifestations visibles – le racolage.

Après avoir été surnommée l’Alouette en 1913, la veuve joyeuse en 1928 à la mort de son premier mari, Marthe Richard en 1930 lorsqu’elle écrivit ses mémoires, le dernier surnom de Marthe Richer lui fut attribué en 1946… la «Veuve qui clôt »…

Les français ont le sens de l’humour et ne sont pas rancuniers !

Texte écrit par Bruno Amouroux

///////////////////////////////////////////

Bruno Amouroux, ancien commandant de bord, épicurien hédoniste, a publié trois romans,

Délivrez-nous du mal, histoire presque vraie d’un tueur en série,

Meena, le dernier roman, l’histoire presque vraie de plusieurs personnes qui s’aiment,

Deux frangines, une passion de famille, une autre histoire vraie d’amour à plusieurs.

Ces romans sont en vente sur le site : www.edilivre.com et sur www.amazon.fr

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :